Parce que l’artisanat était pour eux une évidence dès le départ, Ludo et Manu dont l’expérience n’a pas été uniquement celle de la matière, sont le parfait exemple d’un malaise nouveau, symptomatique de notre époque, engendré par les dualités d’un monde changeant où manuel et virtuel ne cessent de s’unir et de se défaire.
Ludovic - Ce qui me fait peur, vis-à-vis de l’artisanat, c’est que les mecs qui montent des applications créent leur vie sur quelque chose de fictif. Donc tu te demandes quel est leur rapport au réel, sachant qu’ils gagnent de l’argent sur du virtuel. C’est un peu étrange. Si tout le monde fait ça, ça veux dire qu’on va créer une société parallèle sur internet où les gens n’auront plus du tout conscience des objets.
Emmanuel - Aujourd’hui quand tu ne fais pas de nouvelles technologies et pas d’innovation c’est ultra dur, parce que tu n’as aucune aide. On était déçu de voir que tout nos potes qui font des applis parce qu’ils ne savent rien faire de leurs mains finalement, étaient bien mieux accompagnés que nous.
Ludovic - Du coup…
Emmanuel -Il doit y avoir au moins une application par personne maintenant.
Ludovic -Enfin tant mieux pour eux, mais moi ça me fait un peu flipper.
Malgré leurs craintes, Ludo et Manu ne portent en eux aucune rancœur et confessent même leur attirance envers l’imprimante 3D qui vient de faire son entrée au Lavoir. Pour autant ils espèrent rester fidèles au bois le plus longtemps possible : « gueule de plastique, ça sonne pas très bien ».